26 avril 2010

La bulle ou le supplice de Tantale




Le moment de la bulle est certainement le plus craint et le plus difficile à gérer pour la petite « amatrice » que je puis être dans un tournoi…il faut maîtriser doublement son stress car on ne sait plus souvent quelle technique adopter et après plusieurs heures à lutter, on veut tel le bon élève recevoir au moins une compensation à défaut de récompense
Ne pas jouer et attendre simplement nécessite un stack important et permettrait d’être itm mais du coup nous serions souvent ensuite complètement assujettis à nos cartes et à la chance. Si nous avons un tapis moyen, les blinds étant très fortes nous risquerions de perdre rapidement notre fold equity, et nous transformerions joyeusement en poulet rôti pour les gros tapis affamés et réjouis de cette victuaille consommable sans grand risque…
C’est à ce moment là, que notre orgueil et notre envie de récompense nous tiraillent le plus, voulant absolument sauver notre peau appétissante en devenant itm comme tout bon élève et en même temps sommes souvent victimes de quelques poussées d’adrénaline intempestives en voyant diminuer notre stack et sachant hélas que si très rapidement nous restons ainsi passifs même en parvenant à être itm à moins de grande chance nous en finirons pas premier.

C’est un moment clef du tournoi, plein de coups de théâtre et de rebondissements et qui rappelle étrangement le mythe de Tantale

Tantale dans la mythologie grecque est un roi mortel, fils du grand Zeus, vivant que pour la satisfaction de ses désirs corporels ce qui le conduit à l excès jusqu’au crime. Pour sa repentance, il fut pardonné et invité à la table des dieux. Se considérant du coup comme leur égal il leur proposa à son tour un festin et offrit Pélops, son fils comme mets ; afin de tester leur omniscience
Seule Déméter, déesse de la terre fut trompée et mangea un bras du garçon…les dieux frappés d’horreur punirent tantale à demeurer à jamais au milieu du fleuve Tartare dans les enfers , sous des arbres fruitiers mais l’eau s’assèche et s’éloigne lorsqu’il tend un bras et el vent éloigne els fruits quand il tend une main pour les cueillir tandis qu’ au-dessus de sa tête un énorme rocher en équilibre, menace à tout moment de s’effondrer.

Ce mythe symbolise évidemment l’élévation et la chute, mais où est se trouve l’analogie avec le poker et la bulle ?

Prenons Tantale tel un joueur débutant, au début, le joueur lambda va se laisser gouverner par la ludicité du jeu, il bluffera beaucoup, jouera beaucoup de mains…Dans l’histoire de Tantale qui précède le mythe, ce dernier est montré comme ne vivant que pour la satisfaction de ses désirs corporels ce qui va le mener jusqu’au crime (la banqueroute). A cette déchéance succède un état d’élévation excessif (l’ultra prudence, 2e étape où le joueur ne jouera ultra serré) mais qui en raison de son propre exaltation malsaine aboutit à la chute définitive…

Tantale grâce à la profondeur de son repentir (réflexion sur le poker, distanciation, remise en question sur son jeu) devient l'aimé des dieux (la table finale) donc s’élève jusqu’au sublime (l’itm grâce à bon move), il recouvre ainsi ses propres qualités et se trouve réconciliés avec les divinités (qui sont ses propre qualités figurée sous forme parfaite et idéale), les divinités symbolisent les qualités idéalisées de l’homme, l’épanouissement des qualités s’accompagne de joie, leur destruction engendre l angoisse, l inhibition, l impuissance, le tourment… l homme doit lutter pour acquérir ces récompenses ou ses tourments contre ses penchants pervers (son jeu systématique, on a tous tendance a jouer naturellement d’une certaine manière) afin de développer ses qualités et d’acquérir la joie

Etant aimé des dieux il se nourri de nectar et d’ambroisie symbole de spiritualisation (vérité/ connaissance du poker « ca y est j ai lu kill elky ») et sublimation (amour /amélioration nette de son jeu)
A l élévation réelle ne peut se succéder une chute que si l élévation s’accompagne d’un état d’exaltation imaginatif : la vanité…Tantale en vient a se considérer lui-même à l’égale des divinités purs symboles de l’esprit (l’ICM systématique)…la faute de Tantale est de vouloir abdiquer ses besoins terrestres (concentration au poker, prudence)

Les désirs spirituels et les désirs corporels correspondent à un besoin naturel, les uns et autres sont conciliables, seule leur exaltation les rends contradictoires
Tantale admis a la table des dieux (a donc été une fois ITM) et voulant se faire l’égal d’eux les conviât à son tour à un festin (la bulle !) En leur promettant délices inaccoutumés (montrer sa virtuosité), tantale tue son fils (son stack) et le sert a la table des dieux, voulant se rendre compte si les divinités sauront reconnaitre le mets qui leur a été servi (bluff)…il y a donc renversement des pôles idéelles : du sublime (la qualité de jeu et réflexion) à l’ abject (le tilt)

En fait Tantale offre son pervertissement du sublime, il retombe au niveau de l’exaltation imaginative (merde j ai paumé, mes stats et ma br se sont écroulés, la prochaine fois sera la bonne)
Les divinités ne sont pas dupes (le bluff a raté et je suis très mal avec mon 7-2 alors que le flop nous propose as-roi-valet)

Tantale est puni (all in suicidaire), chassé de l Olympe (pas de table finale ni d’ITM) , le châtiment n’ est que la conséquence de son état psychique…on connaît la suite Tel tantale le joueur ensuite essayera d’approcher se mains vers la bulle (la nourriture et l’eau) qui souvent nous résiste et voyons disparaître ses mains jusqu’à notre prochaine tentative.

17 avril 2010

Analyse picturale d'une partie de carte: "le Tricheur"



Au XVII°siècle, le thème de la partie de carte est un thème récurrent dans la peinture de genre. Ainsi, par exemple la toile du peintre français Georges de la Tour (1593 -1652) «le tricheur» datant aux alentours de 1625,conservé au Louvre.


L’artiste fut un des plus grands peintres reconnus de son époque, très influencé par le clair obscur de Caravage mais aussi par les peintres hollandais tels Honhorst et Terbrugghen qu’il découvrit lors d’un voyage en Hollande. Peintre à succès sous Louis XIII, il sombra dans l’oubli jusqu’au début duXXe siècle. On ne connait encore actuellement que très peu de ses toiles, une quarantaine seulement pour une œuvre pictural qui devait comportait quelques trois cent pièces


Dans «le tricheur», le lieu ici n’a que peu d’importance d’une trame dépassant la simple manifestation de la dans un but allégorique d’avertissement..


La scène dévoile trois joueurs de cartes et une servante réunis autour d’une table. Les bouches sont closes, les gestes et les regards suspendus. Ces gens sont sans doute en train de disputer une partie de prime, ancêtre du poker. Au XVII°siècle, les jeux de hasard, de dés et de cartes, sont très pratiqués, bien que l’Eglise les condamne et que le Roi les interdise.

Les parties sont infiltrées par des tricheurs professionnels ; de fortes sommes sont communément pariées. Les pièces d’or, qui s’étalent, ici, sur la table (des pistoles d’Espagne, monnaie utilisée à l’époque) expliquent la tension qui règne.
L’esprit libertin, qui imprègne cette œuvre, se repère à différents indices, comme la taille et le nombre des perles portées par la joueuse, au centre de la toile.

Au-delà de la symbolique sensuelle qu’on leur prête dès la Renaissance, ces bijoux constituent l’attribut de l’amour vénal. Ces perles nous expliquent donc que cette femme est une courtisane
Les plumes, qui ornent chapeaux et turbans, maintes fois représentés dans les scènes galantes revèle une vie au mieux une vie oisive, facile, voire licencieuse.
La servante, de profil, tend un verre de vin à sa maîtresse, tandis que sa main gauche maintient fermement le goulot d’une bouteille pointant, sans doute, le jeune blanc-bec qu’il s’agit de "mettre à sec".
Le joueur de gauche tire un as de carreau d’une ceinture de soie, assez large pour contenir des cartes, ce qui laisse penser que l’homme est un tricheur qui connait parfaitement son métier.

Autour de la table, l'axe central de la composition, le jeune personnage de droite est isolé du groupe que forme les trois autres par sa verticalité, par son regard détaché et par la richesse de son costume qui tranche nettement par rapport à la simplicité de celui de son voisin de gauche.

Quant au groupe uni dans un triangle, il est complice : le jeu de main de la femme assise, l'attention visible dans le regard de la seconde et le geste discret du tricheur que le peintre prend au vif forment un groupe uni contre un jeune personnage, naïf dans le monde qui l'entoure.

Tout oppose les deux personnages installés en vis à vis : le jeune homme, vêtu de riches et brillantes étoffes bien ajustées, qui va se faire posséder, et le filou, dont les aiguillettes pendantes disent le débraillé tant physique que moral.
Le tricheur, le visage resté dans l’ombre, guette sa proie, alors que celle-ci, avec son air gourmé, incarne la crédulité même.

Un regard porté vers le spectateur place celui-ci dans la confidence de ce qui est en train de se jouer au détriment du jeune innocent.

Enfin, l'éclairage latéral accuse les contrastes, conférant à l’ensemble de la scène un air dramatique. Le fond noir, sans profondeur fait ressortir d’autant les protagonistes, comme détachés abstraitement, malgré leurs habits marqués par une époque, c’est pour toujours que ces figures se prêtent à cette allégorie.

Comme dans sa toile " La diseuse de bonne aventure ", la tension entre les protagonistes est contrecarrée par tout un appareil de formes rondes : têtes, chapeaux, épaules, seins, coudes ; à quoi s’ajoutent: nœuds, damiers, entrelacs, toutes formes prises, à leur tour, dans le réseau " fédérateur " constitué par la double et sinueuse ligne des mains et des regards dont celui de la courtisane particulièrement inquiétant et énigmatique portant ainsi toute la fausseté du monde.

12 avril 2010

Fais-moi mal Johnny, Johnny ou Du SM, du double lien et de la vie des blinds





Depuis un bon moment, je me demande comment faire respecter ses blinds au Poker...élément fondamental du jeu, il est peu ou prou réfléchi lors de nos débuts pour des questionnements peut être bien plus secondaires tels que celui du bluff, le chant des sirènes des joueurs débutants, lequels résistant rarement son appel et ce jusqu’à la complète noyade

La blind est pourtant à mon avis la base du jeu. Elle crée ce double lien avec l’adversaire comme une dialectique hegelienne du maître et de l’esclave où tour à tour nous essayons de voler celles des autres joueurs puis tentons à notre tour de résister à l’assaut de ces derniers.
Inutile de dire que dans cet univers machiste qu’est le poker être une femme accroît d’avantage cette difficulté à moins de feindre une totale soumission pour mieux dévorer notre maitre d’un tour.

La réponse pourrait se trouver dans l’idéalisme platonicien avec la notion d’Enkrateia qui se caractérise par une forme active de maîtrise de soi. Elle permet de résister, et d’assumer sa domination dans le domaine des désirs et du plaisir tout en ayant besoin de lutter pour l’emporter…puisque pour gagner nos blinds et préparer noter jeu à long terme il faut évidement désirer celles des autres tout en maitrisant notre appétit afin de ne pas provoquer de rancœur chez l autre et tout en préparant ainsi sa défense . Attaquer pour mieux subir.

Nous ne sommes pas loin de la théorie du double lien du psychologue américain Bateson qui affirme l'existence de relations conflictuelles entre le malade psychotique et son entourage, le dernier donnant au premier des ordres absurdes et impossibles à exécuter (en résumé caricatural: je te donne l'ordre de me désobéir, ou alors...)
Ces ordres impossibles à respecter étant, forcément, toujours suivis de sanctions (retransposé dans notre jeu, notre blind volé) ils entraîneraient ainsi l'apparition de la psychose (le tilt !)
Le joueur de poker est il donc un dangereux schizophrène ou prend il son plaisir dans des jeux de pouvoir, de bondage et de cruauté ?

Mmh…Eh bien...On s’en tape! c’est le cas de le dire, car ma question demeure, comment faire pour faire respecter ses blinds ? Dois-je surenchérir systématiquement au risque de tout perdre, caller ? attendre patiemment ? telle est la question et elle urge, car ce soir sur Partypoker vers 22h00 voici que j’ai une partie fine avec Pokerloto et ai bien l’intention cette fois-ci d’être la domina et de lui flanquer une sacrée fessée !