13 octobre 2012

Sexe, zombie et poker (1/2)





Dans une période d'ennui, de crise et de vacuité existentielle il n'est guère étonnant de voir ressurgir nos croque-mitaines favoris : vampires et zombies.

 1 - LE SANG EST LA VIE

Bien sur époque oblige on est loin du sulfureux livre de Bram Stocker et des spirites du 19e s . Encore plus éloignés sommes-nous des Nosferatu des années 20 ou 30 que se soient le célèbre Nosferatu le Vampire de Murnau, le chef d'oeuvre expressionniste allemenand cinématographique, ou le cabinet du docteur Caligari de Wiene ou même les Dracula de Friz Lang, Dreyer ou Ted Browning (le réalisateur de Freaks)...




Des oeuvres dérangeantes chargées contextuellement par la boucherie et le traumatisme que fut la 1ere guerre mondiale et le sentiment total d'horreur et d'amertume qui en découla.

Aujourd'hui,  après être passés à un esthétisme bon teint avec le très esthétique et esthétisant Dracula de Coppola pour arriver au feuilletons Harlequins préférés des ados et autres midinettes avec les séries light et sans caféine que sont Twilight and co ...

Basta Nosferatu, bela Lugosi, Christopher Lee et sa voix orgasmique; welcome Robert Pattinson le cocu préféré des people et tabloïds.

Le vampire étant profondément par son thème marqué par la sexualité (sang, morsure, charisme), là aussi à force de banaliser la transgression, l'érotisme paradoxalement devient mignonnet car pourtant l'érotisme dans son ensemble est souvent infraction à la règle des interdits. L'oeuvre érotique de l'écrivain George Bataille en est l'apothéose où les pôles transcendantaux sont renversés dans une spiritualité pervertie. Ainsi, le meurtre, la souillure et le chaos se sacralisent et remplacent les notions idéelles traditionnelles du beau et du noble.
Nous sommes loin des baisers de Twilight (quoique pour le coup, perso me sens plus à l'aise dans Harlequin que dans du Sade regonflé au rage bull que sont les larmes d'Eros ou l'histoire de l'Oeil ou même son passionnant essai "l'érotisme" , son ouvrage de référence.

Marquée peut être par son époque, "La vie de Catherine M" est selon moi un des premiers récits à briser ces jeux transcendaux de l'Eros et Thanathos freudiens car l'exaltation romantique de la transgression (nous sommes pas loin de Goethe et de Faust) est totalement anéantie chez Catherine Millet. Elle expose des scènes érotiques certes mais son récit ne l'est pas tant sa description est clinique, froide. Ses récits orgiaques ne sont plus que prétexte à une introspection épistolaire détruisant de fait la  notion de transcendance - obsolète en peinture depuis la fin de l'art moderne - pour nous ramener à une esthétique relationnelle actuelle où l'écrivain nous montre seulement à voir comment elle peut écrire sa sexualité.

Mais là encore son récit clinique demeure troublant et sa distanciation procure malaise et gène, ce n'est plus le cas dans un monde où le sexe exhibé dans une variante Walt Disney totalement infantile permet d'édulcorer le côté animal pour un fun décérébré...d'ailleurs, tiens, pourquoi ne pas offrir un sex toy bleu canard à sa fille adolescente de 15 ans , c'est si tendance, si déco, si convivial (pour les soirées pyjama voyons) et bien moins dérangeant qu'un vilain godemiché honteux acheté dans un sordide sex shop d'une ruelle sombre.

 à suivre: welcome to zombie island et les analogies logiques avec le poker.

1 commentaire:

  1. mince maintenant que j'ai lu les récits d'atrc et kaviar je me dis que c'était peut être pas la peine de scinder en deux ce magnifique etxte qui a fait le buzz, lol

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