28 février 2013

Caïn et le poker


"Et l'oeil était dans la tombe et regardait Caïn"
Victor Hugo - La légende des siècles

Il y a déjà plusieurs semaines, lors des premières parties du tournoi blogueur, Samsonov - pour ne pas le nommer - me fit remarquer une faille, que dis-je une crevasse dans mon jeu...selon lui, en espérant ne pas faire ombrage à ses propos, je savais assez bien monter mon stack mais, ensuite, je ne gérais plus correctement ma place...j'avoue que je n'avais pas fait attention mais effectivement cette remarque pertinente continue depuis à faire résonance car j'ai noté souvent lors des MTT faire moult montagnes russes.

Bien des choses modulent notre psyché comme notre prénom, notre nom et...notre rang familial...tout cela influence et influencera lors de notre vie notre comportement tout autant que nos différentes rencontres.

Depuis Dolto, qui vulgarisa certaines théories en psychologie, nous savons que nous n'avons jamais les même parents dans une même fratrie, la situation familiale évoluant à chaque nouvel arrivant.

On sait ainsi que généralement l'aîné est le responsable.
Souvent,  il est le point focal de toutes les aspirations parentales d'ailleurs historiquement il était l'héritier du patrimoine familial qu'il soit pécunier comme moral....son statut et sa place immuable lui confèrent souvent un caractère hiératique, un brin conservateur, stable et protecteur pour la majorité.

le cadet en revanche (lorsque pas aussi le petit dernier) a tendance à chercher sa place et de fait souffre souvent du besoin de reconnaissance notamment dans les familles nombreuses.
D'autant que la plupart des cadets ont souvent - nécessité oblige- porter les vêtements de son aîné (avant à leur tour de les transmettre au benjamin) ce qui contribue souvent au sentiment de dépersonnalisation du puîné et à sa faille narcissique: il sera le vilain petit canard, se sentant souvent médiocre, laid, choisissant un métier exempt de tout remous et vivant à l'ombre de sa fratrie.

Enfin, le benjamin, souvent le petit chouchou à qui l'on pardonne plus facilement a un statut d'exception et du coup une place souvent enviée par sa fratrie (voire jalousée) d'où parfois de lourds conflits.
Si ce statut en apparence peut paraître enviable, malheureusement le benjamin aura souvent le sentiment de devoir batailler pour  conserver ce statut ...De fait, comme le cadet  et bien plus que l’aîné, il aura tendance à rejeter l'ordre établi afin d'attirer l'attention de ses parents, surtout à l'intérieur des familles où la place de l'aîné est synonyme de pouvoir et d'autorité.
Pour justifier sa situation qu'il juge fragile, "le petit dernier" se rend parfois alors coupable d'actions d'éclat afin de prouver qu'il existe.

Merde, on dirait presque ma famille et mes soeurs et moi dans ce résumé un brin caricatural si ce n'est stéréotypé

ma grande soeur Nathalie et moi en 1970 


Il n'empêche que cette modulation de notre psyché par rapport à un noyau familial ne peut que me faire penser à notre différentes attitudes lors d'un tournoi selon notre âge et place occupée.

ma petite soeur Dorothée et moi en 2012

Le chipleader comme l’aîné a tendance à avoir une certaine autorité (tyrannise sa table) ou un certain conservatisme (gère son stack, n'a plus besoin de prendre des risques inconsidérés)  tandis que le dernier a un certain dynamisme, prend des risques parfois inconsidérés (selon la taille de la blind notamment) , a un besoin évident de faire ses preuves, de révéler qu'il n'est pas le fish auquel on pense, qu'il peut grandir.
Enfin, tel le cadet, les moyens stacks ont tendance ou à vivre à l'ombre de leurs aînés tout en les redoutant et en jalousant la vie de leur benjamin "petit tapis" (il veut son stack pour devenir gros tapis) et retrouver une place priviligiée, exister car où il se contente dans le jeu avec un certain confort de cette confortable et moins visible position ou il se sent médiocre vis à vis de leur aîné et cherche à grossir afin d'exister.

Voici donc,comment se construit le complexe de Caïn, A l'est du stack aurait du écrire Steinbeck en retraçant le premier crime de l'humanité...Caïn (le cadet) va vouloir tuer le chipleader (Abel) ainsi que le benjamin (petits tapis) pour asseoir à son tour une aura d'autorité.

Pour conclure et fermer ma boucle avec l'article précédent je ne pouvais citer qu'Elizabeth Fishel dans "les soeurs" qui écrivait dans son chapitre Amour et rivalité :"A l intérieur comme à l'extérieur de la famille, nos soeurs rehaussent notre miroir de ce que nous sommes et ce que nous pouvons oser devenir" ...

Montre-moi ton stack et je te dirai qui tu es!

TIMSHEL

4 commentaires:

  1. Intéressant... j'ai lu jusqu'au bout... ;-)

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  2. L'exercice est drôle, mais quand tu sauras que je suis l'ainée de mes 3 sœurs, ta description du premier né m'a bien faite rire!!!! Chacun prêche pour sa paroisse et pond sa propre caricature en pleine projection: les ainés je les reconnais car ils sont souvent blessés. Ils ont souvent ce sentiment d'avoir été dépossédés et ont effectivement subis la pression de l'amour exclusif et des espoirs de leurs parents...

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  3. Ayant 18 et 11 ans d'écart avec mon petit frère et ma petite soeur; tu me fous les jetons!! Veulent-ils ma peau?.. Surtout que mon frangin veut toujours faire un "poukaire" dès qu'il me croise... J'ai peur!!^^

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  4. Rires, attendez! j' ai juste lu quelques articles à ce sujet et ai dit que c'était caricatural...en outre j'adore mes soeurs et ne veux pas les tuer (quoi j'ai une hache derriere le dos, c'est décoratif), d'ailleurs si elles me lisent...euh...vous savez que c'était pour pondre un article, hein....revenez....sérieusement, elles ne correspondent pas à ce carcan ni moi non plus en tant que cadette (sinon je n'en aurais pas parlé là) mais comme dans toute généralité on ne se retrouve pas forcément... je me suis juste amusée à faire truc loufoque...mama tu sais, je crois qu'en fait, tous sont blessés. Là, j'ai parlé du complexe de cain, du cadet par amusement car suis cadette et voulais parler de la place au poker mais généralement quelque soit ta place et c'est ce que je voulais dire (et là encore je parle en général et pas dans des cas particuliers), chaque personne souffre d'être à cette place, l’aîné car doit assumer de ne plus être enfant unique et d’être dépossédé de l'attention exclusive de ses parents, le cadets d'entre coincé et vivre à l'ombre, le benjamin d’être le dernier et infantilisé ou pas pris au sérieux etc. et quand ils sont plus nombreux, le jeu des paires jouent aussi, qui est plus proche de qui, plus en rivalité avec...et unique d’être seul et à deux d'être constamment ce binôme de l’aîné et benjamin etc etc...
    euh Zara , fais attention quand même, on sait jamais ^^

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