17 décembre 2013

Anthropologie du jeu


Au vu de mes résultats nuls depuis plusieurs semaines où le néant s'ébat joyeusement avec le vide dans une indifférence inquiétante et une résignation peu glorieuse, j'éviterai dans ce billet de parler de mes parties de poker même si pour le plaisir d'être avec mes petits camarades, je serai présente mardi pour le tournoi des blogueurs (avec en plus ma variante préférée du omaha), mercredi pour le combat titanesque du kohlanta du poker organisé par Davidlpoker et jeudi pour celui de winamax organisé par Mama: ""les blogueurs jouent les Series", avec le mot de passe à chercher ici

Pff! heureusement que je suis censée être en pause et laisser un peu de côté le poker!

Je ne vous parlerai pas non plus du calendrier qui pour le moment se trouve dans une petite impasse, je vais essayer d'aller voir chez copytop si c'est possible car vistaprint semble complètement réfractaire à un devis normal ce qui nous aide pas, ah les gougnafiers... à suivre mais vite ou pas nous en avons bien conscience.

De quoi parler alors? mais oui! d'un de mes dadas favoris, puisque la viande chevaline semble être d'actualité...non, non, lecteur moqueur et taquin,  pas la photographie narcissante, ni de sexe, ni de quinté ou de mon dégoût pour la viande rouge mais d'anthropologie! oui! je sais!  je suis sans pitié pour mes lecteurs mais bon pour une fois sur un sujet qui nous touche tous puisque plus exactement d'anthropologie du jeu.



On sait que dès que le cerveau de l'homme fut apte à élaborer des concepts, au paléolithique inférieur, les traces de culte (sépultures) et art (taches de peintures sur des galets aziliens) apparurent...tout comme l'art mobilier dont on a fort peu d'éléments du fait de ses matériaux  périssables (bois ou terre), il semble que les données quant aux jeux seront de facto assez manquantes...

On peut supposer que dès qu'il y a un regroupement humain, il y a du jeu puisque la base du jeu c'est qu'il sert  de lien social. Le jeu constitue en fait, un instrument que les hommes ont créé, afin de donner des règles à leur coopération du groupe. C'est même un instrument fondamental pour l'action organisée: le jeu conciliant liberté et contrainte..

Le goût du jeu semble en fait constituer une constante de l'esprit humain depuis que l'homme a su maîtriser les objets...merci l'homo faber sans quoi n'existerait pas l homo fishus pokérus! Comme pour les religions ou cultes qui commencent tous par une cosmogonie avant de se complexifier de plus en plus, le jeu  aurait été d'abord une mise à l'épreuve toute simple, à partir de ce qu'il trouvait au cœur de son environnement, puis l'individu a complexifié ses jeux à mesure qu'il développait son intelligence.

Ainsi, par exemple, l'un des plus anciens jeux à apparaître serait le yoyo. Vraisemblablement utilisé par les chasseurs du paléolithique pour assommer leur proie au sol tandis qu'ils attaquaient depuis les arbres, ce dispositif leur permettait de remonter facilement la pierre, alors attachée à une liane, en cas d'échec de la manœuvre... petits futés que nous sommes!

Ce qui est fascinant pour moi dans le jeu, c'est - comme certains mythes - son universalité: partout sur notre planète et dans les cultures industrielles ou traditionnelles, des enfants jouent au chat et à la souris, à la balançoire (premières traces dès le IVe s avant JC), à cache-cache bien que pourtant selon l'incontournable père de l'anthropologie, Marcel Mauss "chaque société a ses habitudes bien à elle", c'est à dire que nos gestes les plus quotidiens participent à un acquis et ne sont pas innés, le jeu corporel participe à l'identité culturelle des ethnies, communautés ou groupes sociaux... et pourtant malgré les spécificités des cultures et du fait du nomadisme certainement, nous retrouvont certains codes, jeux communs.

Par exemple, très rapidement les jeux de dés sont avec ceux bien célèbres du cirque ceux les plus prisés par le peuple dans l'antiquité gréco-romaine: on retrouve ce goût dans l'Illiade évidemment et la célèbre partie de dés de Achille et Ajax, iconographie souvent représenté notamment dans la magnifique hydrie à figures noires du Louvre de la Grèce archaïque (environ - 500 avvant JC)  mais on les trouve des traces de ce jeu de manière très présente en Inde également, puisque qu'un des moments clefs du Mahabbharata reste la partie de dés où Yudhisthira, l'aîné des Pandava, fils du Dharma (la Loi morale intérieure, principe fondamental Hindhou et bouddhiste) va jouer son royaume, ses frères, sa femme et lui-même



Par ailleurs, les jeux comme les sociétés évoluent, ils se transmettent ; se transforment, se renouvellent., certains jeux en préparant d'autres comme les cosmogonies de la mythologie grecs ( les titans) préparent aux mythes d'ordre plus psychologiques expliquant et justifiant les lois de la Cité...eh bien,  les séries de jeux nous mènent jusqu'au activités supérieurs de l'adulte, de l'art, du sport voire même du travail...la marelle ainsi prépare aux jeux de dames qui eux amènent tout naturellement aux échecs...

Pour les cartes, l'évolution n'est pas linéaire puisque le bridge, que D8 me pardonne si je dis une grosse connerie, daterait du 15e s, la Belote est bien plus récente car daterait de la 1e guerre mondiale, bien plus récente que le Poker daté souvent au 17e siècle ou  que le Tarot lui  né au 13e s...or n'en déplaise à mon accent chantant, et mon goût des substances anisées, et des parties de Pagnol, je crains que la divine belote ne soit pas forcément la reine de la sophistication...

Je ne développerai pas sur les théories du jeu chez Caillois afin de ne pas perdre les derniers des Mohicans de mes lecteurs qui auraient survécu, mais j'avoue que tout comme le micro univers des réseaux sociaux , des blogs, le besoin de jeu  - pas forcément lié d'ailleurs au ludisme - chez l'humain me fascine, j'y vois un parallélisme évident avec le besoin de rêver...pas seulement dans un souci d'évasion mais afin de s'approprier dans un univers défini avec des règles construisant ses limites, nos aspirations, peurs et désirs les plus profonds...le poker est certes un jeu d'argent et cette notion est essentielle puisque telle une roulette russe elle détermine ainsi nos enchères, nos poussées d'adrénaline, notre valeur...

jeu est autrui à moi-même? en tout cas peut être une des seules réponses à l'absurdité de notre condition humaine, rendant plus tolérable ce presque rien de nos existences...



7 commentaires:

  1. Merci pour cette anthropologie du jeu, j'ai l'impression de commencer ma journée de boulot moins bête que devant mon bol de céréales, pas sûr que ce soir en sortant du taf je n'ai pas régressé par contre ;-)

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  2. @lessims Merci de compliment, très touchée et flattée
    @mama: je viens déjà de trouver une poulette

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  3. Très intéressant.
    Signé, le dernier des Mohicans

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  4. @stefal: et quel dernier des Mohicans, merci Oeil de faucon, ravie
    @peru, merci Péru, bises :)

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  5. J'ai lu jusqu'au bout, j'ai tout compris, et j'ai bien aimé!.. Régénérescence neurale???^^

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  6. @zara: ben je les voudrais bien tes neurones moi zara :)

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