28 avril 2014

hiérarchie des genres



Saviez-vous qu'il existait dans la peinture académique, perdurant jusqu’au  début du 20ème siècle (même si plus ou moins abrogée à la révolution) une hiérarchie des genres?
En fait , vous étiez soumis à un examen, un projet que vous présentiez à l'académie royale et une fois admis, toute votre vie durant, vous étiez cantonné à ce genre: c'est pourquoi vous ne verrez pas de scène d'histoire chez Chardin , par exemple, mais moult natures mortes et quelques portraits...


Non, ce peintre n'était pas particulièrement "frugiphile", ou obsédé par la nourriture mais il n'avait tout simplement pas le droit de peindre une allégorie ou une scène d'histoire...C'était donc terriblement codifié et le format des œuvres allait naturellement de paire...c'est pour cela que les natures mortes sont, sauf exception volontaire, toujours de petits formats , la peinture animalière elle est un peu plus grande, puis vient les paysages et les portraits qui sont habituellement de moyens formats tandis que les peintures de bataille, d'histoire ou les scènes allégoriques et religieuses sont de grands formats...car les plus nobles.

Ainsi," le Radeau de la Méduse" de Géricault (1826-1830), fit scandale non seulement pour son sujet mais également du fait de son format: le peintre racontait dans le format de la peinture d'histoire le sacralisant par la même un fait divers sordide où des rescapés d'un naufrage avaient pour subsister dû recourir au cannibalisme...


"L'enterrement à Ornans" de Courbet, peint en 1850, fit  a fortiori un scandale retentissant pour les mêmes raisons: cette toile de 6x4m environ, peint dans un format quasiment de fresque historique représente un enterrement de gens du commun avec summum de la  provocation , la présence d'un chien... On accusa Courbet de vouloir peindre le laid et le vil dans un tollé général.


Cela peut paraître anodin et mou du genou, pour nous autres contemporains mais c'était à l'époque bien plus scandaleux que les actes des femens mimant un avortement à Notre dame...

Cette hiérarchie des genres, on la retrouve également dans la sculpture avec des matériaux considérés plus nobles que d'autres...c'est d'ailleurs pour cela que lorsque Picasso représente une tête de taureau en bronze, il y a certes une simplification stylistique mais seulement dans une volonté de représenter l'essence du taureau... en revanche quand en 1986 le groupuscule bordelais présence panchounette le citant avec un guidon en plastique, il y a de fait une ironie délibérée du fait même du choix du matériau


















De même, dans l' architecture classique ce procédé de hiérarchie existe ostensiblement où le 1e étage était l'étage noble des immeubles, c'est pour cela que vous avez des plafonds plus hauts , une décoration plus savante sur la façade et au 19es une quasi obligation d'un balcon différenciant cet étage d'apparat des autres.

Parrallèlement, Il y a de manière certes moins implicite une hiérarchie des genres dans les jeux de cartes de part leur complexité ... la Bataille, la Belotte, le Tarot, le Bridge n'ont pas la même valeur ni le même éclat même si dans cette gradation le poker est un peu marginal car il se différencie des autres de par son enjeu ...le fait de jouer de l'argent apporte un mélodrame, une tragi-comédie (ça c'est pour le prochain article bande de chanceux) qui constitue une des bases même de l'intérêt et de la complexité de ce jeu.

Enfin, à l'intérieur même du poker, il y a un net distinguo non seulement entre les joueurs récréatifs qui habitent la chambre de bonne et les pros vivant à l étage d'apparat mais également à l'intérieur même du style de jeu...ainsi le SNG est la nature morte du poker avec toutefois ces Chardin, orfèvres de cette technique tandis que le Deep stack sera notre fresque allégorique, notre "Sacre de Napoléon" (ça c'est la référence à mon article antérieur disponible dans toutes les meilleures librairies sur mon blog) de David , immense, à la mesure de l’événement (du pot final)

6,21 m sur 9,79 m

18 avril 2014

le syndrôme de Napoléon chez le joueur de No holdem




Non je ne parlerai pas de la mégalomanie, l'ego à l'IMC souvent morbide (eût égard notamment à la gestion des bank roll ) qui pourrait représenter le plus célèbre empereur français...

Certes, au lieu de parler de "mongoliens", il aurait été tentant de digresser sur les cas de schizophrénies où les hommes du temps jadis se prenaient pour Napoléon...cas qui n'existent plus désormais...personne dans nos hôpitaux psychiatriques ne se prend plus pour Napoléon... parce que si les patients schizophrènes se servent de l' histoire pour exprimer les angoisses de leur vécu personnel , évidemment, avec le temps les modèles s'érodent et évoluent.
Napoléon fut le héros moderne annonciateur de l'ère industrielle, celui qui se forgea par lui même , symbolisant invulnérabilité et également absence de contrôle social...c'est le mythe finalement du héros mythologique, du guerrier luttant contre le Leviathan, de Beowulf ...cela peut alors être le joueur de cash game montant sa bank roll, luttant et conquérant à chaque prise de jeu son stack afin d'annexer celui des autres, le héros du tournoi dévorant avec un appétit gargantuesque ses émules, compagnons de table afin de se retrouver au banquet des Dieux et boire le nectar, l'ambroisie suprême de l'itm et du pot.

Non! je voulais surtout parler et commenter le complexe de Napoléon si couramment rencontré chez les joueurs de micro buy in et petit buy in...
Ce complexe se réfère aux complexes habituellement des gens de petite taille complexés et frustrés de par cette stature devenus souvent très compétitifs en raison de contraintes de hauteur, et ayant  un sens de la rivalité exacerbée.



L'envie, la jalousie décuplée et la colère venues du fait d'être non seulement petits mais au-dessous de la hauteur moyenne les entraînent souvent dans un comportement agressif afin de gagner le respect et la reconnaissance des autres et d'ainsi compenser leur hauteur ressentie comme anormalement courte.

Ce complexe bien connu est souvent ressenti dans les tournois et sng de micro buy in. Ici la petite taille s'exprime par le buy in... Je n'ai pas eu l'occasion dans mon expérience de fishette bustée de faire de tournoi à gros (et à moyen buy in) mais je demeure toujours amusée et fascinée  par le nombre de donneurs de leçons et par l'agressivité de certains joueurs...je m'amusais dernièrement à perdre mes deniers dans un tournoi à 2 euros et arrivai à une table où deux empereurs se disputaient et s'insultaient copieusement... leurs choix de mains de départ me paraissaient on ne peux plus hasardeuses (c'était du omaha et ils semblaient l'avoir oublié) mais qu'importe le pot tant qu'il y a l'ivresse et là, de l'ivresse nous passâmes rapidement à un état de rage totalement disproportionné...passif entre les joueurs peut être  mais ce ne fut  bientôt plus un tournoi mais une banquise où tombaient dans le all in glacé nos empereurs malgré leurs virilités déployées tel des étendards pour tous finir à Waterloo.



13 avril 2014

Enculage de mouches!


Je lisais le livre amusant et passionnant de l'économiste Paul Seabright "Sexonomics" ; "Sexe, mensonges et économie" qui traite des analogies entre la manière de s'accoupler des espèces animales et l'économie de marché. Ainsi,  je dégustais le début du livre s'ouvrant sur la description lors d'une chaude soirée de printemps, d'un jeu de séduction dans un restaurant.
Lui est élégant, très riche. Elle, elle ne l'a pas quitté des yeux depuis qu'il est entré dans son champ de vision car ils se plaisent mutuellement: il l'a invité d'un air qui en dit long et compte bien parvenir à ses fins...d'autant qu'elle possède un charme indéniable avec ses formes voluptueuses qui la distinguent nettement de la cohorte de ses amies qui papillonnent excitées par cette soirée.

Si à première vue, ce couple enjoué parait en totale symbiose et se comprendre parfaitement, ils ignorent en fait toute la manipulation et le jeu de chacun: lui est bien moins riche qu'il n'y parait quant aux charmes indéniables de l'élue ils sont moins authentiques qu'il ne le pense. En outre, il serait un brin dépité et refroidi de découvrir que c'est moins son physique que les amies de son amie admirent que cette riche invitation à dîner...ce marché.

Leurres de chacun et leurre également de la narration car ce tableau stéréotypé de vénalité et de paraître n'est pas un épisode des feux de l'amour mais une illustration du jeu de la séduction chez nos amies les mouches....en effet, les mouches mâles se disputent l'attention des femelles en accaparant des denrées alimentaires pour les troquer contre des faveurs sexuelles tandis que les femelles gonflent littéralement leurs charmes, en remplissant d'air leur abdomen pour paraître plus rondes et fertiles afin d'être l'heureuse élue de ce troc.


L'éthologie m'a toujours fascinée (et Jeff Golblum aussi, miam) et si on est loin de Lorenz et ses oies pour ici surtout discourir d'égalités, inégalités, de sexe et d'économie...cet exemple m'a fait évidemment penser au poker...

Non je ne parlerai pas de la fascination qu'exerce certains joueurs de plus grand buy in envers les autres...Il suffit de voir l'entrée de mister ATRC dans les réunions blogueurs pour voir nos amies les mouches bourdonner (cette fois-ci , rires, pardonnez cette insolence mais les copines mouches, c'est nous autres petits joueurs),  ce dernier qui d'ailleurs lors d'un de ses anciens articles avait également parlé de l'apport et de la côte que crée le port du costard sur la gente féminine...j'arrête là l'analogie et les taquineries trop tentantes, sa vie intime ne ne nous regardant pas pour nous pencher également vers notre jeu et dans la danse de la séduction lors de nous mouv ...Arte, il y a deux jours, dans un de ses programmes de nuit, traitait de la séduction et nous expliquait que des chercheurs autrichiens essayaient de comprendre pourquoi certains individus séduisaient plus que d'autres. Il semblerait que se soit associé à notre démarche qui retrace implicitement notre sexualité (punaise! vu ma démarche de Baloo, il n' y a surement pas que dans mon jeu qu'on doit m'appeler la walkyrie, lol)



Je me suis dit que dans le poker c 'était la même chose...bien sur on pourrait me rétorquer que cela compte pas, que seules des données objectives sont à prendre en compte, la position, stack du joueur etc...néanmoins, il est rare qu'on ne soit pas distrait, perturber par divers éléments...c'est la vieille bataille en sociologie entre les pères fondateurs que sont Durkheim qui disait qu'il fallait analyser les faits sociaux comme des choses, avec une totale objectivité et Weber qui lui rétorqua que nous ne pouvons jamais être totalement objectif et donc au contraire pour tendre à analyser au mieux les faits sociaux il fallait prendre en compte sa propre subjectivité.

Le fait d’être une femme, par exemple, pour se rapprocher du livre de sexéconomie traitant des inégalités entre sexes,  implique chez nos adversaires souvent une manière un brin différente de jouer du fait de stéréotypes (la femme bluffe moins, plus timorée etc.). Bien sur notre historique de joueur peut être notre corset ou serre-taille, également la manière de jouer, la fameuse démarche:  nos mises et leurs fréquences vont séduire ou inversement agacer...nous faire entrer dans un pot ou au contraire refuser le dîner et nos faveurs (c'est à dire ici notre stack)
Nous sommes également envieux du chipleader, le craignant, l'admirant et lui accordant certaines faveurs sexuelles (nos blinds) pour éviter un coïtus interrompus que condamne cruellement le Dieu Poker.
Enfin, nous bluffons parfois afin de nous présenter sous un jour meilleur et avaler quelques petites mains délicatement servies.

En conclusion, et aussi parce que les mouches ne me poursuivent pas seulement au-dessus de mon lit, mais aussi dans mes anciens travaux "artistiques" pour leur corrélation avec les grains de beauté, je ne peux que citer ce magnifique vers du Roi Lear de Shakespeare : " Des mouches aux mains d'enfants espiègles, voici ce que nous sommes pour les dieux: ils nous tuent pour s'amuser" en pensant à mes pauvres derniers résultats pokéritiques dans le mont Olympe aujourd'hui rebaptisé Winamax.