19 octobre 2015

Petite fable!




Connaissez-vous cette belle histoire de Franz Kafka et la poupée?

Un jour, vers la fin de sa vie,  Franz Kafka se promenait dans un parc. Là, il rencontra une petite fille inconsolable qui avait perdu sa poupée.

Pour la consoler, Kalfa chuchota à la petite fille de ne pas s'inquiéter: sa poupée n'était pas perdue, elle était juste partie en voyage ...d'ailleurs il le savait bien lui car elle lui avait transmis une lettre pour elle justement...ce qu'il ferait dès le lendemain si elle le souhaitait.

Rentré chez lui, Kafka écrivit une longue lettre à la petite fille de la part de la poupée lui narrant ses aventures, son voyage ...Alors, comme le retrace Paul Auster dans Brooklyn Follies, Kafka tous les jours pendant 3 semaines, pourtant mourant et souffrant terriblement de sa tuberculose, composa une lettre avec un soin extrême à cette petite fille afin de lui offrir du rêve à la place de la perte de sa jolie poupée.

Dans une autre version, il est raconté que Kafka à la fin de ces trois semaines offrit une nouvelle poupée à la petite fille: celle-ci s'écria "Mais ce n'est pas ma poupée" ce à quoi le grand écrivain Tchèque répondit "c'est bien ta poupée, mais les grands voyages transforment les gens tu sais"

Et bien depuis vendredi, je pleure la moitié de mon stack, perdu bêtement notamment avec des sit and go à trop fort buy in... bizarrement, rien ne passe j'ai beaucoup de jeu mais mes as sont craqués, mes paires comme mes 10 sautent contrent des A4; au Omaha mes splendides mains (AKQJ sur 2 couleurs) sont à jeter dès les flops...alors comme la petite fille je pleure la perte de ma chatte  déflorée vilainement par des mains de gougnafiers et je voudrais bien aussi rêver en attendant le retour de mon stack bien aimé et tandis que je fantasme sur son retour , je prie également pour ne pas être la souris de la "Petite fable" de la Muraille de Chine du même écrivain:

"- Hélas! dit la souris, le monde devient étroit chaque jour. Il était si grand autrefois que j'ai pris peur, j'ai couru, j'ai couru, et j'ai été contente de voir enfin de chaque côté, des murs surgir à l'horizon; mais ces longs murs courent si vite à la rencontre l'un de l'autre que me voici déjà dans la dernière pièce, et j'aperçois là-bas le piège dans lequel je vais tomber. 

- Tu n'as qu'à changer de direction, dit le chat en la dévorant."

14 octobre 2015

Don Juan et le poker !




Dernièrement, avant les derniers râles de ma box et ma presque désintoxication du net de ces jours passés; dernièrement donc, je savourais l'arrivée imminente du samedi pour faire mes petits tournois préférés de l'après midi: un  PLO à 3 euros à 16h, puis un à 2 euros mixed à 17h et le soir vers 21h30 (en bonne diva, je viens toujours abattre ma hache tardivement) mon feu d'artifice préféré:  le biathlon qu'organise hebdomadairement la très conviviale association de poker FRENCH NO LIMIT dans laquelle je sévis joyeusement, grâce à l'invitation de Mama, voici déjà quelques années.

Bien entendu, ce jour-là, dans l'après-midi je fus traitée de salope or ce ne fut, curieusement, non pour mon libertinage outrecuidant de ma vie  dissolue, mais pour l'académisme de mon jeu certes un brin conservateur et serré bien absolument irréprochable - comme vous le savez tous.
Halloween approchant, ma boutique des petites horreurs n'avaient pourtant pas été vendeuse quoique très profitable pour moi et du coup je jouais simultanément plusieurs tournois ...4 en même temps! je peinais! je l'avoue...souffrant de ma blonde attitude et de ma gourmandise...2 c'est assez! 4 cela demande quand même une organisation plus stricte et surtout une souplesse qui n'est pas ma caractéristique première, il faut bien l'avouer.

Finalement, au risque de ternir ma réputation sulfureuse, je me reconnais assez monogame ou alors un petit jeu à deux me suffit... surtout quand c'est le biathlon,bon d'accord trois c'est bien aussi, mais euh...

Le parallélisme entre les insultes de l'après-midi et cette conduite me rappela soudain le syndrome de Don Juan: ô joueurs en ligne n'êtes-vous tous pas d'affreux libertins, qui au mieux finissaient un tournoi pour en débuter un autre, cherchant  ainsi le graal dans ce pot, ce petit morceau de vie pure pour parler comme Proust ou simplement dans chaque petite mort chassant l'autre, vous/nous voilà tous en recherche perpétuelle d'adrénaline, du frémissement pécunier ou ludique qui nous entraîne toujours vers de nouveaux sentiers de MTT?

Voilà qu'à la suite de Don Juan, ne pouvant demeurer dans une stabilité amoureuse d'une seule table, suit Casanova et ses bacchanales dionysiaques, l'éros débridé, le polyamour des tables...j'en prends une, deux, trois, quatre ...oh oui! encore! je joue et m'envoie en l'air avec 4 tables différentes comme c'est bon ...voilà que je l'oublie, que je m'oublie...heu oui, en effet reprenons la bienséance et oubliant ces fantasmes oiseux quoique... quoique malgré tout, le joueur comme Don Juan ne souffre t-il d'un  mal lié à la perte initiale de l'être aimé qu'il recherche éternellement dans ses conquêtes...

Pour éviter ces dérives perverses (moi qui suis une innocente et svelte jeune fille) et restée concentrée, quoi de mieux que le live et  voici qu'arrive le si désirable Winamax Poker tour 2015 -2016.... oh yes! tu es beau! je te veux!  Foutredieu! quelle somme à gagner! on peut rêver et je garde des souvenirs divins quoique trop brefs de cette expérience!!!



Le Winamax Poker Tour débutera en live les 7 et 8 novembre 2015 lors d’une grande étape inaugurale à Paris ...ça promet d'être orgiaque! orgasmique heu génial!

Bon, en attendant, il est temps que je change ma box, l'abstinence de net semble avoir des effets pervers sur ma psyché....pourtant il ne fait pas chaud à Paris! 

Je t'attends!!!


04 octobre 2015

toute victoire est une défaite!!!



Il y a dans chaque tournoi de poker une sorte de mappemonde d'état de guerre où la stratégie, l'art de la guerre sont sertis avec les aléas des tranchées/flop

A Sun Tsu et Machiavel je préfère néanmoins le Mahabharata, Cette ancienne épopée indienne, le plus long poème jamais écrit (plus de quinze fois la bible ou l 'Illiade)  raconte principalement la guerre entre deux clans cousins: les Pandava et les kaurava...Un massacre orchestré par Khrisna parce qu'il faut qu'il y ait cette destruction pour pouvoir faire émerger le monde de l'homme .

La semaine dernière j'ai assisté avec délectation et émotion à une rencontre avec les monstres sacrés du théâtre contemporain que sont le metteur en scène Peter Brook et Jean-Claude Carrière.
ils ont voici plus de 20 ans mis en scène cette épopée au théâtre parisien les Bouffes du Nord, puis réalisé un film à ce sujet. Voici qu'avec les tragiques événements actuels, cette épopée prend tout son sens,  ils sont alors revenus pour composer "Battlefield" avec cette phrase a priori paradoxale "toute victoire est une défaite"


A priori, au poker même si nous recommençons de manière obsessionnelle un tournoi pourtant jamais le même, la victoire est ce qui compte.
Pourtant, le cerveau retenant et inscrivant comme événements les bad beat ou défaites, peut être que finalement la victoire toute intéressante soit-elle pécuniairement devient une défaite tant alors ne s'opère aucune remise en cause de notre jeu et de son harmonie

Prenons ces nombreux exemples de la journée où j'ai remporté des pots...voilà que cet après-midi un peu dépitée et lasse, je décide de continuer à jouer après le flop avec un tirage flush, Je n'ai pas de tirage quinte qui va avec , donc suis bien en dessous des 15 outs a priori nécessaire...mon adversaire enchérit et au lieu de folder je décide de continuer...idem au turn, j'engage quasiment tout mon tapis pensant faire mon barouf d'adieu de miss fishette quand surgit à la river la couleur providentielle...me voilà sauvée...pourtant cette victoire a le goût de la défaite car non seulement j'ai mal joué mais cela risque plus tard de m'inciter à reproduire cette mauvaise habitude et donc de perdre le chemin de mon dharma , ma loi intérieure, guidant mes pas dans ce jeu.

L'hindouisme est une religion polythéiste avec un panthéon de divinités immense, on le sait,  mais au sommet de ce panthéon se concentre une trinité que nous vivons systématiquement et inconsciemment en tant que joueur et maître de notre jeu, peut être parce que notre kama, désir profond nous y pousse...

Avec nos multiples mains (bras?) nous jouons et recréons le monde, même si contrairement à Brahma nous ne sommes pas forcément omniscient sauf avec les nuts pourtant en essayant de maîtriser le jeu, ce flux de vie, en connaissant les règles en tant que joueur nous tendons vers lui...alors nous jouons et essayons de rester dans ce jeu, d'équilibrer tel vishnou notre jeu et puis pour cela nous faisons la guerre à nos frères et cousins comme dans le Mahabharata,
Nous la faisons parce qu en détruisant le monde (nos concurrents, adversaires) tel Shiva nous cherchons à reconstruire la divine providence et ainsi nous menons et répétons sans cesse cette danse céleste, alternant massacre et reconstruction.

Toute victoire est une défaite ne signifie pas hélas que la défaite est une victoire
Pourtant comme un écho voici que résonne la célèbre citation de Beckett:"Déjà essayé. Déjà échoué. Peu importe. Essaie encore. Échoue encore. Échoue mieux"

Notre jeu comme la vie est cyclique, ce soir je suis lasse du massacre de la journée, de mon jeu et de mes victoires comme mes défaites mais demain je goûterai de nouveau l'aube...

En attendant, je vais écouter et réécouter Peter Brook parler de Battlefield, du monde et du Mahabharata sur cette émission de France Culture...30 mn de pure bonheur dont on ne ressort pas indemne!!!

Namaskar!!!