05 avril 2015

Sur la route , tilt generation





Hier, tandis que je me régalais de faire le biathlon du samedi soir avec mes collègues de la FNL, je rêvassais joyeusement au lieu de compter mes outs et de mesurer mes relances.

 J'ose avouer que je regardais également The Voice, notamment le charmant Guilhem chantait "Avec le temps" dont j'aurais bien fait mon dimanche, même s' il n'était  pas  Léo ferré, mais bon, inutile de vous dire que ce n'est pas tout à fait cette virtuosité que je lui aurais demandé...




bref, tandis que j'errais dans divers plans oniriques, voici que je trébuchais dans mon jeu: je balançais pot sur le No Holdem, et envoyais une sacoche de tous les diables pour un brelan dans un enthousiasme certes habituel mais quelque peu déplacé dans le cas présent et qui me fis perdre la moitié de mon stack.

OOPS...

Je pensais alors combien le poker était  proche de la littérature, peut être déjà  parce que  comme disait Marguerite Yourcenar : "on ne lit jamais un livre, on se lit à travers le livre" et que le poker comme tous les jeux est un formidable révélateur de  personnalité mais  aussi à travers notre expérience de lecteur...là, perdue dans plusieurs sortes de jeux, je n'étais certes pas encore dans le monde hermétique de Finnegans Wake de James Joyce, écrit dans plusieurs langues et compressant le langage, quoique en jouant mon no holdem comme un pot limit j'étais vraiment au bord du chaosmos (euh, pour mon correcteur ou rectificateur pas forcément préféré, non ce n'est pas une faute mais un néologisme de Joyce mêlant chaos et cosmos)

Non, je me sentais en fait, un peu dans la même atmosphère que lorsque je lis les romans de l'énigmatique et génial Thomas Pynchon: perdue dans multiples récits à lutter dans la compréhension du jeu du récit,  chercher à se raccorder à une certaine logique avant que les ramures du récit se rejoignent vers un tronc commun où tout alors enfin s'éclaire!



Cela en devient kafkaïen, et qui n'a jamais ressenti en jouant, le sentiment d'absurdité et d'étouffement de k, avec parfois un procès de fish...combien de fois me suis-je faite insultée, peut être  de manière moins absurde que chez l'écrivain Tchèque mais avec toute l'écriture fleurie d'un Burgess ou d'un Selby. D'ailleurs, n'en déplaise à -Enorme-, concitoyen de la fnl, non, malgré mon pseudo racoleur qui semble à chaque fois t''interpeller, je ne suis pas la réincarnation de Tralala, la prostituée de Last exit to Brooklyn.

J'ai alors pensé également combien parfois l'analogie du poker se ressentait avec l'expérience endurée par la lecture de Kerouac notamment dans ces longs mais très longs tournois comme sur le king 5 où il faut tuer tant de joueurs.
. Il y a la même excitation du début du roman lorsqu'on prend la route vers frisco et  puis, le chemin est long et le talent de Kerouac est de nous faire ressentir dans la lecture, de manière profondément physique, cet ennui de la route et ainsi son immensité...cette ennui trompeur et dangereux, comme dans les longs tournois, où notre attention pourtant ne doit pas faiblir au risque d'un accident.
 Ô combien alors joue l'importance du copilote et pour moi celles de mon équipe qui chattait dans une joviale ambiance et assurément si on  ne fut pas  des Hells Angels à s'égosiller  en roulant "born to be wiiild", on s'est bien marrés avec mon équipe "les No -Vices FNL" dont je me devais de rendre hommage! Beat generation ou pas...

Ouaips, en tout cas pour moi hier ce fut les Chants de Maldoror, à travers les chants ou les niveaux du tournois, voici que de l'écriture poétique je visitais les cercles dantesques dans un boléro de plus en plus noir qui me fut fatal.

Fin du chapitre, de ce roman, plus qu'à ouvrir une autre page en frissonnant délicieusement du Livre à Venir et de ce presque rien blanchotien que je joue régulièrement, avec une telle volupté surtout quand la petite fin n'est pas trop précoce.