Les médias toute la journée nous parlent des groupes sociaux, des minorités ...nous avons un système qui stigmatise le hors moule tandis que la majorité sure d'elle-même, de son bon droit et de son pouvoir sur autrui n'hésitera pas de se moquer des personnages atypiques, excentriques, saugrenus qui permet un ralliement dans l'humour, l'ironie.
Notre sadisme ou pulsion de mort freudienne nous est sans cesse sollicité et servi dans une junk food cathodique appelant sur un plateau repas à se gausser...allo? mais allo quoi?
Les princesses et starlettes des tabloïds papier glacés de rêve de conte de fée ont laissé place à un cynisme envers les people où le lecteur se délectera du bout de gras, du lifting loupé, de la dépression ou du dernier avortement de tels ou tels chanteuses, acteurs...
Notre meute est enragée, période de crise oblige nous sommes dans une barbarie humaine quotidienne qui a banalisé toute ces pulsions destructives et renversé les pôles idéels de la fraternité et où la gentillesse devient une faiblesse tandis que l'individu alpha au biceps plus développé que son Qi deviendra le reproducteur à suivre, la peste la plus envieuse et auto centrée à séduire...meute humaine schizophrénique car meute enragée mais également panurgienne dans sa manière d'agir et on simplifie toujours pour plus de confort, d'utilitaire, on ôte le vocabulaire, l'orthographe, on reste dans le littéral sans nul cesse.
Les canards boiteux pendant ce temps-là survivent tant bien que mal; nous ironisons ou combattons leur existence plutôt que d’essayer de les comprendre.
La réalité a depuis longtemps dépassé la fiction... Combien d'exemples ponctuent notre quotidien? A mon travail depuis quelques mois, il y a des vols...des vols de yaourts notamment, au delà du ridicule de l'objet volé sa récurrence fait grincer à juste titre les dents...mes collègues soupçonnent tous quelqu'un ...quasiment la même personne, une de nos chefs...la raison? elle a de grands sacs, est une responsable et surtout elle est bizarre! Coupable d'être hors norme... habillée trop baba pour son poste, avec cheveux courts explosés par un pétard...un caractère un brin décalé...la foule est prête à la lyncher...il suffit maintenant au voleur de mettre un pot de yaourt dans sa poubelle et elle sera écartelée au supplice du pal lacté
Je ne suis pas exempt aussi d'a priori et avoue m'être laissé convaincre jusqu'à ce que les propos me heurtent et que je me rappelle que dans notre système démocratique tout individu est présumé innocent sauf à preuve du contraire.
Il y a quelques années déjà, en 1987, Christian Boltanski, un artiste contemporain avait présenté une installation sous le nom de Détective présentant une série de photos de 1ères pages de couvertures alliant sans légende visage de victimes et criminels...à part certains connus comme Manson, le reste faisait que nous ne savions plus qui est qui...nous étions face à cet inconnu qui rend absurde le délit de sale gueule (tous se ressemblent l n'y a pas de différenciation) et pourtant continuons à chercher
Certaines différences ont le droit d’exister parce qu'en fait rien ne peut dire de façon absolue quel point de vue est le meilleur et qu'elles ont le mérite de faire avancer notre horizon, notre pensée, notre morale lorsque nous éprouvons également le besoin de mettre des pare feux.
Au bac, j'avais eu comme question en philo "Peut on nous reprocher une faute de goût"? à la question peut-on? on doit évidemment prendre en compte le est-ce possible? mais aussi doit-on.
En art, le mauvais goût est omniprésent, base des avant-gardes, mais qu'est ce que le mauvais goût? celui des minorités? alors la TV réalité est devenue notre fleuron de l'élégance?
Et au poker? ben nous reproduisons les même shémas de rivalités, d'envie, de se gausser afin de se rassurer un temps de n'être pas le fish en stigmatisant l'autre...lors du dernier tournoi des ladies à Clichy, une jeune femme est venue jouer pour la première fois en connaissant à peine le b-a-ba...étonnant de constater malgré parfois l'agacement la bienveillance des messieurs à table, cette fois là du moins, alors qu'ils avaient payés, tandis que les dames réclamaient du sang et était bien plus méprisantes doublement agacées par l'indulgence de la gent masculine dans une rivalité malséante où le poker est soudain déplacé sur un terrain de séduction... cette salope plaît plus que moi ça m'énerve, sinon il serait moins aimable, c'est une aguicheuse tuons-la, elle s'est permis de sourire, elle minaude la conne!
Agacées également du jeu de la dame, oubliant un peu vite qu'il s'agissait quand même pour nous d'un free roll et que cela pouvait être exploitable en grognant de tous les noms sans se rendre compte que leur jeu était tout aussi soumis à discussion.
Si je suis absolument misanthrope et pense qu'il n'y a dans notre sadisme et soif du sang aucune distinction entre hommes et femmes, je me dois de reconnaître une certaine force chez les dames pour la mesquineries, un besoin systématique de se comparer pour exister et cette constante et épuisante rivalité...mince aurais-je des a priori?
En tout cas si en art on cultive parfois une certaine originalité flirtant -il est vrai - avec un snobisme certain, dans la vie et au poker: hors moule, on ne chatte pas!!!