Le petit tournoi de Omaha que je fis aujourd'hui me rappela que notre ex bien aimé coach à Mama, Zara et moi, toujours irrémédiablement perdu dans les avens de mon décolleté, nous répétait, inlassablement, qu'au Omaha comme ailleurs ( mais du fait de la variance supplémentaire peut être même encore plus qu'ailleurs), il fallait anticiper les coups avant de jouer... d'autant que c'est du pot limit qui est en ligne joué...ainsi, si tout le monde entre dans le pot préflop, cela signifie que le flop sera énorme et donc au lieu de se dire: "mmh je peux mettre mon orteil dans la mer cela me fera pas grand mal", il vaut mieux penser au tsunami en retour qui m'engloutira au flop...au turn...ou à la rivière...cela n'est pas pour rien que Jeanne Moreau chantait : "les petits ruisseaux font les grandes rivières"
Bref, je suçotais donc mon bonbon au citron (information essentielle à la suite des événements...ou pas) en maugréant tel le petit Gibus "si j'aurais su ,j'aurais pas venu". Lorsque, subitement, une analogie étonnante avec la pensée d'Aristote me troubla et notamment le distinguo qu'il conceptualisa entre acte et puissance (on va éviter la notion d'entéléchie pour empêcher un chœur général de mes lecteurs brailler un "courage! fuyons" et aussi parce que c'est compliqué pour mon petit cervelet également)
Donc, Aristote a élaboré une distinction radicale entre les choses qui sont en acte et celles qui sont en puissance: en fait, pour lui, l'acte désigne soit ce qui est en train de s'accomplir , soit ce qui est terminé alors que les choses en puissance par opposition à celles qui sont en acte, ne sont encore qu'au stade virtuelles, pas achevées. (par exemple tout être humain est en puissance un joueur de cartes...mais il ne le sera en acte qu'avec l'apprentissage du jeu)
Bien sur, dans sa logique, l'être en acte est forcément d'une plus grande perfection que l'être en puissance et c'est pourquoi il écrit dans Physique II: "Chaque chose est dite être ce qu'elle est plutôt quand elle est en acte que lorsqu'elle est en puissance"
Ben oui, vous avez AA en main: en puissance vous avez la main en plus fort mais voici que le J10 de votre adversaire va du fait du flop créait une quinte: en acte vous n'avez plus du tout la main la plus forte!!!
En fait, c'est également vachement important car cela va privilégier l'inspiration , car avec ces notions, on est plus dans une métaphysique rappelant le terme hébreu de "Rouach", ce premier mot de la Genèse de la bible juive qu'en français on traduit généralement par esprit "et le souffle des dieux planait à la surface des eaux"...
Ben là, avec mon wrap de quinte qui me fit sortir de mon tournoi si j'ai ressenti l'inspiration des dieux , penser c'est anticiper mais pas c'est pas forcément suffisant car nom de Dieu, je fus vite chassée du jardin d'Eden pour goûter à l'amertume de la Géhenne...j'ai joué et j'ai perdu dont acte!