La solitude, vieille amie de chaque instant... ne pas appartenir à ce monde...au groupe...à la fois cet orgueil et cette souffrance de ne se sentir jamais à sa place...étriquée, étouffée ... dans cette incommunicabilité... cette incompréhension des codes...ce corps devenu obèse et prison afin de servir d'écran, de muraille pour se protéger des autres, de soi...combien lasse de ce paraître qui fait loi, de ce désarroi à subir silencieusement.
Rarement jeu n'a désigné cette solitude de chaque instant....pas de couple comme pour la belote ou le bridge, pas d'ami comme à 5 pour le tarot ou la ligue contre soi... le parcours se fait seul...d'abord, on subit la foule, la cohue, la solitude de la ville avec cette multitude de joueurs grouillants...on est déjà las de cette cohorte qu'on voudrait fuir, retrouver sa quiétude mais non on s'est engagé dans ce deep stack urbain, certains coups puent d'autres présentent avec orgueuil leurs cartes, avez-vous vu mon nouveau iphone? ipad? montre, voiture? aa? kk! certains, sournois dans le métro, vous bousculent et vous piquent la place , ah le vilain brelan floppé, 1h de route sans m'assoir j'ai mal au dos et mon stack s'amenuise.
Suis fatiguée mais je bluffe et les joueurs disparaissent, l heure de pointe s'en est allé, me voilà seule face à mon quotidien, j'ai abandonné mes actions d'exploits et compte mes outs pour la fin du mois...c'est la crise, pas une seule main, rien ne passe, ne pas désespérer, être patiente, ne pas tilter et tout faire exploser pour un buy in suicidaire....
lasse , je tombe dans les pommes et voici qu'on en profite pour me voler ma blind, ah les saligauds,c'est de bonne guerre!
Je veux parler, tout dire, cette amertume d'etre bloquée dans ces cartes , cet étouffement de chaque instant, sous un air impavide, jovial...que des 72! fait chier! merde! arf et dans ce jeu étriqué," ce n'est pas les cartes qui comptent mais ce qu'on ne fait disait l'autre", alors je joue, je bluffe, je parade tout en observant et trop, encore trop large, merde, voilà la honte de ce bluff total, je dois montrer mes cartes sans fard, soudain je dois me justifier, je ne suis pas celle qu'on pensait...tiens c'est étonnant ces joueurs qui me parlaient avec entrain, badinaient, commentaient et soudain disparaissent...pas d'amitié qui tienne pendant cette partie...mmh commenter, ne pas se laisser entraînner dans le chat...rester concentrée, ignorer, oublier la peine de ce flush bousillé par un full.
Les mots de Férré résonnent avec une rare pertinence pas de faux semblants et de mélancolie gentillette à la Moustaki, non! ressentir cette érosion, cette rage, cette théâtralité du jeu de regards.
Je ne vais pas bien et la partie est encore longue,"pour finir encore" disait Beckett, "le jamais né"...longue usure des blinds, mais tant pis! soudain alors que j'abandonne, voici que croise ma route quelques cartes maitresses, je reprends vie, je me remets, reconcentre, toujours seule mais soudain tout redevient lumineux, moment estival, ensoleillé où je suis itm...mais oui, ma grande... mais faut continuer maintenant, ne pas se suffir de cela! faut gagner!
Solitude du jeu, du joueur face à ses cartes avec une ironie comme les aléas de la vie, ces hasards et ces impressions de déjà vu et pourtant...chaque partie demeure différente, avec cette adréaline, ce désarroi, cette peur au ventre, cette joie , cette cupidité, vénalité, ce spew qu'on ne devrait pas ou cette avarice, ses cartes, face aux autres...ma foi, si tu refuses de les combattre, maitrise-toi afin de continuer jusqu'au dernier soupir, celui de la victoire et du repos de l'âme.
Fin de partie.
et ho, c'est quoi ce vent de desespérance qui souffle sur la bloguitude? hein, mais ho! Du coup, moi aussi, je file sur la pente de la bluesitude! c'est la pascoolitude, ça!
RépondreSupprimermerci pour ce beau texte, gente dame mais merde, faites dans le joyeux, forcez vos zigomatiques à la tétanisation forcée! relisez Coué, ouvrez les pages internationnales, constatez ce qu'est la vraie misère, la vraie merde, la vraie souffrance! Always look on the bright side of life! bientôt vous allez nous ressortir "zag warum". bon, sinon je suis dispo pour vous faire rire, même si le coeur n'y est pas non plus. a plusieurs on est moins seul. euh, joli sophisme non?
Texte magnifique ...tout simplement magnifique
RépondreSupprimer@cyrille, jsute petit sleen saisonnier et grosse fatigue hier soir, mais ai déjà repris du poil de la bète...j'ai pas dit que j'avais vie misérable non plus juste petit coup de "beuuuuh me sens toute seule", merci pour ton amitié jeune homme et rassure-toi, une fois tout écrit, ca allait déjà mieux... bises
RépondreSupprimer@audrelisa: merci, très touchée...
C'est dans l'encrier du blues que s'écrivent les plus beaux textes ...
RépondreSupprimerBon d'accord c'est beau, mais t'as gagné le tournoi au moins ou pas ?
RépondreSupprimer^^
(good job)
Fan évidemment.
RépondreSupprimerCela me rappelle le spleen, mot utilisé et défini dans un de mes articles :
Spleen: État affectif, plus ou moins durable, de mélancolie sans cause apparente et pouvant aller de l'ennui, la tristesse vague au dégoût de l'existence. Le spleen peut être baudelairien ou verlainien.
Pour les apiculteurs ou Quasimodo, le spleen est plutôt appelé bourdon.
Un entomologue souffrira lui de cafard.
Il est à noter que étymologiquement, le mot vient, vous l'aurez deviné, de l'anglais et signifie rate, siège présumé de la mélancolie. Le mot anglais étant lui-même issu de l'ancien français esplen dérivé lui-même du latin splen signifiant déjà rate.
@mama: oui d'ailleurs j écoutais ne boucle hier soir en l'écrivant tom waits, chocolate jesus
RépondreSupprimer@lessims: c était un sng non figure toi que j'avais kk et brelan mais l'autre qui avait merdouille genre q7 a touché sa couleur
@stefal: oui c'est exactement cela et j'aime autant le poème spleen de verlaine que celui baudelairien, et c'était exactement mon vague à l'âme d'hier...je ne savais aps pour l'éthymologie même si logique et mon sang en partie britannique a entendu l'appel :)
Bonjour Valérie,
RépondreSupprimerTon soliloque sur la solitude prend aux tripes..
Même assumée ou revendiquée, il est des jours sombres de blues ...
Accepte une bise affectueuse pour en adoucir la bise cinglante
Merci j'accepte ta bise volontiers :)
RépondreSupprimerBusty, encore un texte déroutant ! N'as-tu jamais songé à publier des nouvelles ? La solitude nous guette tous telle une épée de Damoclès ! Parfois on la recherche aussi égoïstement histoire de ne pas être seul comme le chante Reggiani !
RépondreSupprimer;-)
Eole , j'essaie dans mon autre blog humorustico érotico autobiographico "en toute amitié "
RépondreSupprimerpersonnellement aime la quiétude et sereinité de la solitude, je pense que seul ou en couple nous sommes toujours fondaementament seul mais parfois ce sentiment d'incommunicabilité et d'absurdité perd son ludisme avant que l incongruité des choses ramène un peu de fraîcheur