Voici déjà un certain temps, en Afrique, dans la rue, un inconnu est susceptible de soudain vous toucher...et c'est là, que le bas blesse... merdam! c'est un sorcier qui fera immédiatement disparaître votre sexe.
Oops, ne riez pas car voici déjà 10 ans que cette terrible rumeur traversa l’Afrique de l’Ouest à toute vitesse provoquant moult drames: des centaines de morts et milliers de blessés, victimes expiatoires de la vindicte populaire.
Cette rumeur est née dans les dernières années du siècle dernier, au Cameroun, par des bruits colportés puis amplifiés dans la rue par le bouche à oreille et dans les marchés par les récits angoissés de voyageurs annonçant l'arrivée imminente sur les plages d'individus maléfiques: les haoussas venus du Nigéria.
En fait, la peur des « réducteurs de sexe » plongea dans le chaos tous les états traversés par cette rumeur, ils rapidement d'ailleurs vite dépassés par l' hystérie indescriptible des autochtones. En fait, dans un décor composé de crise économique, de séquelles et traumatismes de guerre régionale, la peur de l’étranger, de l'Autre trouva et sa vraisemblance et sa justification dans la montée du nationalisme sur fond d’accroissement des inégalités sociales...
Ces pensées magiques qui provoquèrent près de 300 morts (quand même) ne sont pas si éloignés des rumeurs et fantasmes que nous avions sur la traite des blanches, rumeurs et terreurs qui reviennent à chaque moment de crise, comme nous l'explique le sociologue Jean-Noël Kapferer dans son livre passionnant 'Rumeurs" (en poche! à dévorer sans modération).
C'est évidemment l'éternel retour des boucs émissaires dès lors que les sociétés vivent des grandes crises: Ce bouc émissaire tout chargé des péchés de la collectivité...les coupables sont toujours les même: les étrangers, mal intégrés dans nos sociétés, marginaux ou ceux qui ne partagent pas les croyances.
Ainsi pour revenir à la traite des blanches, les juifs (puisque à la base il s'agissait curieusement de magasins juifs) ont constitué un modèle parfait de bouc émissaire et la cible automatique des rumeurs, depuis l'empoisonnement des puits pendant les grandes épidémies de peste, de 1348 à 1720 jusqu'au soupçon de meurtre rituel sous-jacent dans le thème de la "rumeur d’Orléans" (rumeur sur la traite des blanches), en passant par le soi-disant " complot des Sages de Sion ".
L'actualité sociétale et politique omniprésente peut évidemment donner lieu à certaines analogies avec cette fois-ci particulièrement les roms ou l'islam comme boucs émissaires , mis ainsi en excergue notamment par certains partis politiques.
Au poker, que représente le bouc émissaire, le coupeur de sexe? il s'agit non seulement du fameux fish, ce joueur fantaisiste mais du fish pervers qui provoque en nous des bad beat...ce sorcier qui va nous émasculer d'une quinte de l'espace, un brelan emportant notre énergie vitale dans une rivière pourpre assassine...
Alors, viens la lutte fratricide de cet autre qui n'est finalement pas comme "nous", qui est stigmatisé sous l'étiquette de fish, ainsi dénaturé, déshumanisé, méprisé...ah qu'il est bon de rejeter sa colère sur cet être, qu'importe qu'il s'agisse d'une erreur de notre part, d'un tournoi à 50 centimes ou à plusieurs centaines d'euros, ...la haine nous emporte, le cri strident du castra s'élève car voici qu'apparait le tilt vengeur réclamant la tête de ce fish qui a su pervertir les divinités du poker et dans un coup de théâtre, faire une apparition de la carte assasssine tel un deus ex machina emportant notre virilité dans un bad beat douloureux...
Putain, merde! fait chier!
Ah j'ai aimé celui-là !!!! Je peux castrer un fish, dis ?????
RépondreSupprimerRires, j'ai pensé à ton cri strident quand je fais n importawak (ouf je n'ai pas de b...)
RépondreSupprimerAh le chaman en transe qui se prend pour une carpe et qui dit "oh ça va je l'ai pas fait exprès, tout le monde fait des erreurs au poker, non ?" "Ah ? c'était une erreur ? ..."
RépondreSupprimerTrès bon post !
Rires, exactement....merci Lessims :)
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