07 octobre 2014

Des confitures du bluff raté



Il n'y a rien de plus humiliant et frustrant que de se faire prendre dans un bluff ...pas un semi bluff justifiant médiocrement votre fulgurance douteuse, mais un vrai et affreux bluff, une petite horreur que vous pensez soigneusement cachée dans les sombres tréfonds de votre âme jeu et qui explose telle une flatulence joyeuse lors du silence mortifère de l 'eucharistie d'un enterrement , d'un colloque sur la pensée de Plotin ou d'un tournoi de MTT avec tous vos copains qui vous regardent (dixit la jauge en alerte rouge de ma paranoïa) atterrés de "cette femme si bien , si comme il faut" qui vient d'émettre ce bruyant et pestilentiel (odeur de fish pourri of course) 4-2 non suited, raisé dans un all in absurde et juste complètement con!

Ah! déconfiture de l'orgueil et de la gourmandise, les malheurs de Busty me rappellent soudain la cruauté inhérente aux livres marquants de notre enfance et notamment ceux de la Comtesse de Ségur.

il est fascinant de remarquer que les plus grands écrivains pour enfants furent les plus grands sadiques: en Angleterre, par exemple, le puritanisme mordant chez Dickens se retrouvera évidemment ensuite dans les œuvres ironiques et cruelles de Roahl Dahl (Charlie et la chocolaterie, James et la grosse pêche) ou plus récemment dans celles de J.K Rowling (Harry Potter)...

En France, malgré le luxe inouï de la famille Rostopchine, l'enfance de la comtesse de Ségur fut marquée par des privations systématiques ...elle raconte dans son livre "ma chère Maman" que son père, le général Rostopchine écrivait " J'ai été privé de trois grandes réjouissances de l'espèce humaine: du vol, de la gourmandise et de l'orgueil"...Du coup, ces trois éléments seront la clef de voûte de son oeuvre romanesque et notamment dans les récits accompagnant son personnage emblématique: Sophie.

La gourmandise omniprésente est toujours punie comme dans le célèbre épisode des confitures car le personnage de Sophie s'y perd toujours dans une terrible précipitation teintée d'angoisse gâchant ainsi  systématiquement tout le plaisir qu'elle aurait pu y retirée par la peur panique d'être grondée et la culpabilité inhérente à la faute.

la faute du vol et de la gourmandise est sévèrement châtiée de manière disproportionnée, teintant de manière anxiogène les récits de la romancière car les conséquences y sont toujours tragiques et stigmatisantes (robes salies, mains poisseuses, vomissements...)

Comment ne pas retrouver dans le vol, le caractère têtu du protagoniste, la gourmandise et la punition tragique de ces livres qui hantèrent notre enfance,  la débâcle du bluff raté et dévoilé ainsi que ses conséquences ou ses châtiments tragi-comiques l'accompagnant: la culpabilité et la  honte de l'exposition de cette faute, de cette avidité goulue au vol ou grignotage des blinds incontrôlée... le poker devient alors pour nous, la cruelle belle-mère, Madame Fichini, de Sophie.



6 commentaires:

  1. j'ai toujours été trop large que veux-tu ^^
    bises à toi aussi

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  2. Élevée à la Comtesse je ne peux que plussoyer. Parenthèse : dire qu'on lisait ça vers 7 ou 8 ans, je suis certaine que des mômes de 14 ans de la nouvelle génération ne comprendraient qu'un mot sur deux... Le côté sadique dans Harry Potter je vois moins mais bon ^^ Nice one

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  3. Ben en fait si tu regardes Harry Potter le début est très dans la tradition anglaise et notamment d'Oliver Twist: un orphelin, élevé dans une belle famille cruelle avec lui, subissant les sévisses avant la rédemption de l école...ensuite on peut retrouver une certaine cruauté sur les personnages, moqueries enfantines...on retrouve aussi une légère critique sociale avec le personnage du gnome de maison (j ai oublié son nom), il y a sans arrêt des sacrifices à faire (morts et même tortures)...dans la forme il y a une tradition avec Roalh Dalh (Charlie est un enfant miséreux, James orphelin élevé par tantes acariâtres)......il y a toujours un sadisme évident dans les contes pour que la moralité y soit et dans les livres enfantines mais en France, celui de Marcel Aymé s'exprime différemment dans ses contes bleus et rouges du chat perché, quant à Gripari là aussi c'est une vision non issue de la rigueur puritaine anglaise...c'est assez logique d'ailleurs que ces histoires découlent d'un contexte socio-économique...Ceux de Wilde ressembleront pas aux histoires de Tov Jansson (évidemment comme dans toute littérature nordique où la nature sera l élément principal) etc d'où l’extraordinaire richesse de la littérature enfantine :)

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