Comme je souffre profondément du peu de messages voire de visites de mon blog de poker pourtant ô combien palpitant, j'ai pris la bonne résolution 2012 d'arrêter les sujets tirés par les cheveux, alambiqués, élitistes pour me concentrer sur du racolleur...les photos les plus racoleuses n'ayant point fonctionnées à attirer le quidam, il va falloir donc en ce début d'année prévoir l'artillerie lourde, aussi je vais parler de cul! du MTT...c'est-à-dire de Lacan et de Proust (en gros des auteurs consensuels)
Plus sérieusement il m'a semblé que l'analogie entre les MTT et le complexe d'Albertine n'était pas dénué d'intérêt
Albertine pour ceux qui ne connaissent pas la Recherche du temps perdu est la nénette qu'aime et désir le héros et narrateur Marcel.
Selon Jacques Lacan, en 1954, dans le premier de ses séminaires tenus publiques, le désir de Marcel "ce style de désir, qui ne peut se satisfaire que d’une captation inépuisable du désir de l’autre, poursuivi, si vous vous en souvenez, jusque dans ses rêves par les rêves de l’autre! Ce qui implique à chaque instant une sorte d’entière abdication du désir propre du sujet. C’est dans ce miroitement, et je l’entends dans le sens du miroir aux alouettes qui à chaque instant fait le tour complet sur lui-même, dans ce renversement, se poursuivant à chaque instant, s’entretenant lui-même, poursuite épuisante d’un désir de l’autre qui ne peut jamais être saisi comme le désir propre du sujet, le désir propre du sujet n’est jamais que le désir de l’autre, que réside le drame de cette passion jalouse, si bien analysée par Proust, qui est aussi une autre forme de cette relation intersubjective imaginaire."
Pour simplifier au cas où vous ayez un peu de mal avec la prose lacanienne : Marcel ne désire et n'aime Albertine que dans la souffrance de la savoir inaccessible (distante, infidèle etc), dès qu'elle est présente, aimante il s'ennuie, devient indifférent et ne l'aime plus...dans les tomes la Prisonnière et Albertine disparue on voit ainsi ce paradoxe amoureux bien connu: elle le fuit, il la désire, elle l'aime il la trouve médiocre et sans charme, elle meurt il en est d'un désir désespéré...
Lacan expliquera qu'il s'agit là d'un désir pervers et que : "non seulement il ne peut pas s’en contenter, de cet idéal réalisé, mais, dès qu’il le réalise, il perd cet objet au moment même où il rejoint cet idéal. Son assouvissement est ainsi condamné par sa structure même à se réaliser avant l’étreinte par, ou bien l’extinction du désir, ou la disparition de l’objet"
Eh bé, en voilà du joli, et le MTT me diriez-vous, déjà soupconneux que je vous ai fourgué une lecture indigeste sous couvert de MTT mais dans un vilain bluff ...que nenni, juste un semi bluff
et bien le MTT avec ses heures en ligne à désirer Albertine (c'est à dire gagner le tournoi) chez le joueur me rappelle ce désir pervers propre à Marcel (et Swann aussi avec Odette dans le 1e tome de la Recherche: le fameux "Du côté de chez Swann")...on veut gagner, et donc pendant des heures nous voilà accrocher à notre stack à désirer, nous pâmer, se languir d'approcher la table finale et plus on approche plus certains joueurs faiblissent, se contenter d'être itm et là assez proche de la belle (ITM) s'envoie bêtement en l'air ou s'amenuise jusqu'à disparaître...sorte de lassitude.
Combien échouent à la bulle après avoir mené d'une main de maître leur tournoi comme si soudain le désir inconsciemment s'éteignait avec les athéniens et dans un dernier spasme, quittez avec amertume le terrain de jeu.
Adieu Berthe! ou plutôt adieu Albertine! mais voici déjà que les tripes se remuent, et si je faisais un autre tournoi, le désir réapparaît, la castration n'était que symbolique, nous voilà déjà à la poursuite du temps perdu...nous exigeons réparation, nous redésirons Albertine! être ITM! non que dis-je, gagner le tournoi!
Désolé, j'ai lâché au moment où tu parlais de Marcel et Jacques LACAN...
RépondreSupprimerBonne année à toi ! ;-)
très bonne année à toi ricardoc, c'est pas grave et j'avoue que je peux comprendre^^
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