Bon contrairement à ce titre alléchant qui est un vilain
bluff afin de distraire mon auditoire et surtout le faire venir à moi;
mon idée de sujet today et une mise ne parrallèle de l oeuvre de Samuel
Beckett et le free roll.
Oui, je sais! la vie est dure! mais suis un tantinet
déprimée du coup au lieu de me lamenter je pense qu'il est temps ô chanceux que
vous êtes de vous expliquer la notion de jamais né, notion qui m'obsède depuis
des années et qui est selon moi la clef de l'oeuvre de mon écrivain favori.
Bon, je vous rassure, je ne vais pas trop détailler car je
pourrais en écrire des pages et en discourir des heures (certains en sont
morts ou gravement atteints de surdités depuis chez mes amis) mais pour ceux
qui ne connaîtrait pas encore ce dramaturge, en schématisant
rapidement c'est un des écrivains les plus importants de la 2eme moitié du
20e siècle. Il est né en 1906, mort en 1989. Il est l'auteur de romans, de
textes brefs en prose, et de pièces de théâtre (beaucoup radiophoniques) dont
la plus célèbre reste "En attendant Godot" .
Francophile (il écrivit un essai sur Proust), il quitta
assez rapidement l'irlande qu'il jugeait trop puritaine notamment sur le ban de
Oscar Wilde (rayé des tablettes de Trinity Collège pour son homosexualité) et
surtout ayant censuré et taxé de pornographique Joyce lors de la parution
d"Ulysses".
Très influencé par ce dernier lors de ses début, notamment
dans ses premiers romans (Molloy, Malone meurt, Murphy) qui
sont touffus, denses, avec une logorrhée verbale qu'il va
s'ateler à simplifier par la suite, en minimalisant de plus en plus son
écriture jusqu'à finir son oeuvre par de simples indications scéniques (comme
dans "Quad").
C'est une oeuvre à la fois extrêmement pessimiste et d'une rare drôlerie, avec une causticité féroce assez délectable je dois dire.
De nos jours où la littéralité est de rigueur, ce n'est pas
forcément une oeuvre facile d'accès je l'avoue même si les textes se lisent
très facilement....mais comprendre l’intérêt de l'oeuvre est
autre...la première fois que j'ai lu du Beckett j'avais 12 ans, j'ai lu -car
piqué dans la bibliothèque de ma soeur aînée- la pièce
radiophonique "tous ceux qui tombent" qui doit faire 20 pages (oui
c'est pas des pavés)...j'ai tout compris mais suis
restée déboussolée car il me semblait n'avoir rien lu:il ne se
passait absolument rien dans cette pièce, juste une histoire de vieille dame
allant chercher son mari au train, quel intérêt ..il me fallu
quelques années de plus pour comprendre en relisant cette pièce étonnante.
En fait, Beckett met en oeuvre une sorte de no man's land
absurde où vivent des marginaux, des personnages épuisés (ils ne sont pas
fatigués mais épuisés - au sens existentiel de l'être où ses personnages
sont épuisés avant de naître) et dans ses pièces, le temps est un long
râle, une lente agonie sans début ni fin.
Un purgatoire quoi... (bon là, je sens que j ai perdu la grande partie de mes lecteurs, mince vite une photo lol)
Bon... en gros... dans l'oeuvre de Beckett les
personnages agonisent mais ne meurt pas, on voit le
temps s’engrener comme un sablier sans fond, du coup les personnages
sont en perpétuelles attentes "on attend Godot" (pièces d'ailleurs en
deux actes pour ainsi éviter le fameux rythme tertiaire
début-milieu-fin et avoir une sorte de toupie cyclique en 2 temps)...de la même
manière que ses personnages sont des parias
donc pas complètement dans la société,
ni complètement fini physiquement mais altérés(cul de jattes,
paralysés etc)....
Beckett était obsédé par l idée de jamais né que se
soit dans sa vie, son oeuvre ou celle de ses proches (comme celle du
peintre Bram van Velde )
Selon moi, la clef de l'ouvre de Beckett est
donc cette notion de jamais né que se soit dans le fond ou la forme, dans la
pièce radiophonique "Tous ceux qui tombent" il fait parler sa
protagoniste Mme Rooney, la faisant raconter qu'elle avait assisté à une
conférence d'un aliéniste qui avait voulu soigner petite
fille mourante mais cette fille n'avait rien, du coup il
s'en était délaissé et avait appris quelque temps après qu'elle
était morte; l'aliéniste avait alors dit
comme pour lui-même ce jour-là "en fait elle était jamais
née" et Mme Rooney de surenchérir en
disant qu'elle aussi elle avait
souvent le sentiment d’être jamais née, pas totalement en
ce monde...cette anecdote vient d'une histoire vécue par l'écrivain qui avait
assisté a une conférence de Jung et
ressentait profondément ce sentiment.
bon, j’arrête car c'est difficile de simplifier
et schématiser mais cette notion de purgatoire mais celle-ci me fait
penser à la bulle du free roll...le free roll cette énorme machine qui commence
par un jeu de massacre avant de s'engluer dans une bulle interminable, ou nous
sommes là à attendre dans un désespoir pokérien d’être itm
comme Vladimir et Estragon attendent Godot.... et je ne peux que penser à cette
citation -tirée je crois- de "Textes pour rien" que j'adore tant elle
me parait juste "c'est le commencement qui est le pire, puis le milieu
puis la fin; à la fin, c'est la fin qui est le pire".
Dans ce no man's land pokérien il y a une sorte d'ennui
existentiel, un désespoir digne de la littérature d'après la seconde
guerre mondiale qui nous fait nous questionner de sa validité même
selon Adorno et la philosophie de l'école de Francfort.
Il y un effet hypnotique qui fait que dans
ce sable mouvant où depuis des heures vous êtes embourbé, et
quand soudain vous êtes ITM , vous continuez une lente agonie et
là... à la fin, après 3 heures au minimum de jeu "pour finir
encore" et 12 cts de gagné , vous comprennez presque
métaphysiquement la féroce ironie beckettienne et l'absurdité de l'existence...
joli.
RépondreSupprimeren ce qui me concerne, j'aurais plutôt comparé cette notion de " jamais né" a ces tournois ou on arrive pas a monter un stack, ou on est jamais vraiment dedans.
Bravo en tout cas.
Du cul et du poker, d'accord...
RépondreSupprimerMais les lardons pour illustrer les bad beats, c'est vraiment trop cru... :(
Bel essai ;)
merci beaucoup Nantais.
RépondreSupprimerJe n'y avais pas pensé et l'analogie est parfaitement juste...erf next time ^^
merci ray ^^
RépondreSupprimerTrès joli post...on aimerait parfois n'être jamais né...
RépondreSupprimerPunaise, il est fou ce Nantais d'avoir tout lu... 8-o (je suis impressionné...)
RépondreSupprimerSincèrement, j'ai lâché dès la première évocation de Samuel Beckett... :-/
Je ne sais pas si c'est une bonne idée ce repas entre bloggueurs du Sud-Ouest...
La première fois que j ai vu la pièce " en attendant Godot" j avais eu un mal fou à comprendre comment on pouvait perdre son temps comme cela.... Maintenant que je joue en MTT je comprends :-)
RépondreSupprimerNice billet.
Je suis étonné que les joueurs de CG n aient pas encore réagi ...
Chaboiv
lol ricardo et honte sur toi tss ^^
RépondreSupprimerchaboiv...oui la phrase récurrente "qu'est ce qu on attend" vaut pour mtt ou peche à la ligne
peu ou prou de joueurs de cg interviennent sur mon blog hélas...pas assez de mains montrées ah les saligauds ^^
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