10 janvier 2014

le chant des courtisans



Il y a deux choses que je déteste profondément, les courtisans et le minaudage...cela va souvent ensemble mais vision rétrograde ou misandrie peut être j'ai tendance à contempler la gent masculine comme courtisans et misogynie évidente le minaudage comme un fleuron de l'art courtois féminin.

Ce grasseyement exacerbé par les réseaux sociaux et les like  (dont je suis pourtant une fervente adepte) renforce mes grognements et sentiments d'exister dans un monde sans nuancier...devenant de plus en plus terne.

Peut être cette amertume du comportement humain vient aussi du fait que je n'ai jamais su me vendre et lors de mes petits vernissages j'avais tendance plus à me cacher qu'à sortir un superbe book, les rare photos pitrognées de mon travail étant d'ailleurs restées chez moi dans une boite au milieu de moult papiers, perdues...utiliser mes amitiés et rencontres me paraissaient comme un manque total de savoir vivre et je suis restée dans mon coin avant de fermer définitivement le rideau lorsqu'on ne vint plus me chercher.

Dans l'art courtois, j'aime la séduction qui me parait un jeu de stratégie, jeu de go romanesque et exaltant mais prise déjà moins le marivaudage qui me fatigue rapidement pour avoir un rejet brutal du minaudage...que je ressens profondément infantile comme un abrutissement du jeu amoureux ...vieux relent de féminisme , j y vois une concrétisation du trop célèbre adage "sois belle et tais toi" ou alors piaille petit oiseau et je t'écouterai avec la condescendance fantasmée de la mâle attitude...résonne toujours en moi la justesse du propos de Bertrand Blier dans "trop belle pour toi" qui fait dire à Depardieu que les hommes ont besoin de mépriser un peu leur femme...d'où le succès de la peste ou l'écervelée, la blonde, la Jacqueline Maillant de Pouic-Pouic ...bien sur j'entends déjà des gens s'offusquer en criant des "pas moi!" ...certes mais quand même souvent...la peste excite le désir et la minauderie et la caresse pour consoler votre âme d'écorché vif, de grand sensibles introvertis...ah combien il est bon d'être un peu maternée; caressée, chouchoutée même si le trait est un peu caricatural , tant que la caresse est bonne goûtons là et fermons les yeux...

D'ailleurs vint les courtisans, ceux qui réapparaissent ou sont présents le jour où ils ont besoin de vous, envie de vous...soudain à l'approche d'un tel évènement il est bon de réapparaître frais et dispos comme si de rien n'était, avec pour certains une petite phrase d'excuse ...oh j'étais pas bien, très pris en sous-estimant votre maigre acuité mais qui a vu la personne omniprésente partout sauf chez vous...
Dites-moi qu'avez-vous à m'apporter et je vous dirai ce que vous vaudrez...là aussi ce qui m'agace n'est pas leur bluff mais cette faculté extraordinaire à sous estimer votre jugement...et que vous en voyez pas leur bluff d'une colossale finesse...après tout si vous ne dites rien c'est que vous ne voyez rien.  C'est aussi ce petit chef fayottant à mon travail vers le grand directeur dans une complicité viril avant de l'écharper avec ces autres collègues...

Et le poker?

Ben le poker n'est pas exempt de cet arrivisme épuisant même si on y voit aussi de réelles complicités, amitiés; affinités et on pourrait voir le minaudage comme le slow play, j'allume mais pas trop, j y vais mais pas trop, un peu de bluff sur les joues en surenchérissant à moitié pot...Chéri, tu viens ou tu viens pas?

Fais confiance!!! endors toi....mmmmh ....oh oui viens petite grenouille...c'est louche mais est-ce trop gros, est-ce un gros fish ou un gros piège de fish, ah les jeux de l'abîme de l'amoureux éperdu...tout cela pour finir dans un all in orgiaque...enfin... seulement pour un.

Quant aux courtisans y a ceux qui spew en début de tournoi pour ensuite attraper le magot, ceux qui suivent le gros tapis pour éliminer le petit , c'est le cycliste en queue de peloton laissant les premiers s'épuiser face au vent pour ensuite les rattraper et leur faire un petit bras d'honneur non renversé et les dévorer

Ben oui, c'est pas joli joli mais c'est le jeu...prendre la blind au plus faible, le plus tight, le bluffer... l'instinct de survie...au poker je comprends mais dans la vie quotidienne...on m'a récemment dit que j'étais une sociopathe, c'est vrai mais à force de regarder la beauté du jeu j'ai peut être oublié de prendre en compte l'enjeu.




6 commentaires:

  1. ah la Jacqueline M. ! Elle était un sacré monstre sur scène ! hein Honey :)

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  2. j'adore jacqueline Maillan...si drole, caustique et à son époque une rare liberté

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  3. Joli texte avec des mots rares bien choisis. j'aime

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  4. Beaucoup d'émotion dans ce texte... ça me rapelle en fait l "Ecce Homo" de Nietzsche...

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  5. @Mama : ça m étonne pas que tu aimes Maillan, tu as sa truculence
    @Stefal: merci beaucoup, il y a peu je larmoyais sur mon isolement parfois, un de nos amis communs me consolant me fit comprendre qu'il n'y avait pas de honte à usiter parfois un jargon un peu plus soutenu, alors du coup sur mes blogs me permets d'utiliser un peu les mots que j'aime quand c'est possible :)
    @phil: tu sais NIetzche a dit une de mes citations favorites " écris avec ton sang et tu verras que le sang est esprit"...cela dit je dois t'avouer n'avoir pas encore lu ecce homo...à conseiller?

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